Chaque sport a ses propres défis à relever au niveau mental. Dans l’un, il faut arriver à se concentrer ou à canaliser des pensées qui peuvent influer sur une performance, dans l’autre, le plus difficile, c’est de faire face à la douleur. Dans son nouveau livre ‘De psychologie van de topsporter’, Bert De Cuyper, psychologue du sport, met en lumière les multiples facettes de la force mentale à travers les témoignages et les expériences de plusieurs athlètes belges et internationaux de haut niveau. De A à Z, de Aandacht (Attention) à Zwart gat (Trou noir).
Au cours de ces dernières décennies, on a porté une attention croissante aux caractéristiques mentales de l’athlète de haut niveau. “En 1980, le nombre de psychologues du sport en Belgique pouvait se compter sur les doigts d’une main”, explique Bert De Cuyper. “Dans la presse, on nous appelait parfois les shrinks ou les zieleknijpers, les charlatans. Mais des séances de coaching mental avaient quand même lieu dans les arrière-salles après l’entraînement ou pendant la pause déjeuner. Depuis, elles sont devenues partie intégrante de la plupart des schémas d’entraînement et les médias nous appellent simplement les psychologues du sport.”
Pourtant, de nombreux athlètes sont réticents lorsqu'ils entendent le mot 'psychologue'. Dans son livre, Bert De Cuyper cite un passage dans lequel le cycliste Mark Cavendish se retrouve face au célèbre psychiatre anglais Steve Peters, en quête d’une ordonnance pour ses brûlures d’estomac. Mais au lieu de rédiger rapidement une ordonnance, Steve Peters entame un dialogue qui va durer deux heures. Après quoi, Cavendish conclut : “J’ai vu Steve faire des merveilles avec d’autres, mais son expertise, ce n’est tout simplement pas pour moi.”
“Cette anecdote montre que l’approche du psychiatre ne correspondait pas aux attentes de Mark Cavendish”, précise Bert De Cuyper. “Ça l’a déprimé. C’est pourquoi, il est si important dans une première conversation de définir les contours de l'aide psychologique et de s'aligner avec l’athlète. Et d’autre part, cela permet de ne pas créer de faux espoirs du côté de l’athlète déjà en confiance avec le coaching mental. Dans une carrière sportive idéale, il y a un focus sur le mental à chaque étape. Cela peut se faire via des moments de groupe, individuellement, en autonomisant l’environnement, ...”
Connais-toi toi-même
“L’objectif d’un psychologue du sport, c’est toujours de rendre quelqu’un autonome. Rien n’est plus important pour un athlète d’élite que de bien se connaître et d’agir en cohérence avec soi-même. Un psychologue recherche avec l’athlète quelque chose qui fonctionne. Dès que c’est le cas, il est superflu. Bien sûr, la porte reste toujours entrouverte, dans l’imprévisibilité du sport de haut niveau, il est toujours bon de maintenir une communication ouverte.”
Pour un athlète, l’offre d’outils en ligne est maintenant très vaste. Apps, vidéos online, blogs..., surgissent de partout. “J’aurais utilisé certains de ces outils avec grand plaisir pour mes cours dans le temps”, dit Bert De Cuyper. “Mais ce qui leur manque souvent, c’est le fait qu’ils n’apportent pas de solutions sur mesure, adaptées à un individu unique. En suivant quelqu’un à l’entraînement et pendant les compétitions, on apprend à très bien le connaître en tant qu’athlète et cela crée une forte complicité. Vous ne pouvez pas remplacer la connaissance de l’individu et cette complicité par la technologie.”
“En plus, un psychologue du sport dispose, au terme de son cursus universitaire, d’une boîte à outils complète dans laquelle il peut trouver une solution à tout problème spécifique. Les athlètes qui deviennent coach mental après leur carrière sportive ne sont pas toujours équipés ainsi. Ils imposent le respect, à juste titre, par leur propre palmarès mais ne devraient pas tomber dans le piège qui consiste à croire que leur parcours est le seul possible. Ce qui fonctionne pour moi, ne fonctionne pas nécessairement pour vous.”
Bert De Cuyper a enseigné la psychologie du sport à la KULeuven en Master Training et Coaching, en Kinésithérapie et en Médecine du sport. En tant que professeur émérite, il est le responsable académique du programme ‘Opleiding Praktijkgerichte Sportpsychologie’. Au cours de sa carrière, il a travaillé et collaboré avec de nombreux teams sportifs et élites belges.
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