Ce vendredi, Philip Mestdagh a été élu entraîneur de l'année par la presse sportive belge. Philip Mestdagh est le coach des Belgian Cats, équipe nationale féminine de basketball qui s'est qualifiée pour les Jeux Olympiques pour la première fois de son histoire. Il parle de ses débuts en tant qu'entraîneur et du fait que la reconnaissance des femmes dans le sport de haut niveau est encore bien loin derrière celle des hommes.
Comment avez-vous commencé à coacher?
Mes enfants ont commencé à faire du sport et un jour, ce fut le basket. Alors, papa et maman vont à la salle de sport et puis…. ‘pendant que vous êtes ici, vous pouvez peut-être reprendre l'entraînement’. Je l'ai fait pour mes filles comme pour mon fils. Ensuite, le niveau évolue, le train se met en marche et finalement, je me suis retrouvé en équipe nationale.
Est-ce différent de coacher des filles ou des garçons?
Filles ou garçons, quand je coache, j’applique toujours le même modus operandi. Je les motive de la même manière. Avec les garçons, vous pouvez être plus strict. En cas de conflit, vous buvez une bière et c'est fini. Avec les filles, les conflits durent parfois un peu plus longtemps. Et vous voyez plus rapidement si elles sont bien dans leur peau, les filles montrent ça plus vite que les garçons. En tant qu'entraîneur, vous devez être ouvert d’esprit et prêter attention au langage corporel et à tous les signaux.
Les femmes sont-elles aussi fortes mentalement que les hommes?
Les hommes ont parfois la réputation d’être mentalement plus forts mais dans le sport de haut niveau, les femmes sont tout aussi résilientes. La préparation mentale de l’équipe féminine diffère de celle de l'équipe masculine. Notre coach mental, Ellen Schouppe, nous aide énormément dans ce domaine. Les hommes sont plus durs et souvent n'admettent pas qu'ils ont aussi besoin d'un coaching mental. Cela commence à évoluer maintenant, les femmes sont plus réceptives.
La reconnaissance des femmes n’est toujours pas égale à celle des hommes dans le sport. Qu’en est-il dans le basket?
En Belgique, le basket féminin ne bénéficie d’aucune aide. Les compétitions nationales sont d’un bon niveau mais n'attirent guère l'attention. Alors qu'en Italie, en Espagne et en France, tous les matchs côté féminin peuvent être suivis en livestream, chez nous, il n'y a rien.
Mais aux États-Unis aussi, des progrès sont encore nécessaires. On compare souvent la NBA et la WNBA alors que leur fonctionnement est en réalité différent bien qu'elles doivent en fait être considérées comme deux sports différents. Les joueurs et les fans de la NBA plaisantent parfois au sujet de la WNBA. Les compétitions féminines n’ont pas la même visibilité sur les écrans et les réseaux sociaux, ce qui porte à conséquence sur le sponsoring et le nombre de contrats.
En Belgique, des efforts sont réalisés mais la spontanéité n’est pas encore au rendez-vous même si des progrès peuvent déjà être constatés avec la diffusion en livestream e.a. des compétitions féminines de cyclisme (sur route et cyclo-cross).
Les femmes coachs et administratrices sont peu nombreuses, serait-il souhaitable d’atteindre une égalité des genres dans ces fonctions?
Certainement. Au sein de la fédération de basket, il n'y a qu'une seule femme administratrice dans le conseil d'administration et elle n’occupe qu’un rôle mineur aux côtés de ses homologues masculins. Il n'y a aucune raison pour que les femmes ne puissent pas coacher à un haut niveau ou occuper des fonctions de direction au sein des fédérations. Dans la WNBA, on voit de plus en plus de femmes coachs, mais pas ici.
J'ai moi-même participé à des cursus de coaching, dans l’ensemble on constate que très peu de femmes s’engagent dans ce parcours. Pour le niveau A, pas une seule inscription féminine. Il existe toutefois une version abrégée de ce cursus pour les athlètes de haut niveau. Ann Wauters y a déjà participé avec d’autres. Et elle pourrait bien devenir notre prochaine coach nationale.
Certaines femmes préfèrent peut-être se consacrer à leur vie de famille plutôt que de s’investir dans un parcours professionnel. J'espère que mes filles seront moins traditionnelles à cet égard et qu'elles veilleront à défendre leurs propres intérêts.
Il serait bon que les femmes sortent davantage de leur coquille, parfois elles sont encore trop modestes.
Quel est votre message pour les filles et les femmes qui aspirent à faire carrière dans le basket, en tant qu’athlète, coach ou administratrice?
Chase your dream! Ne vous laissez ni influencer ni intimider par aucune critique. En tant que femme coach ou administratrice, vous rencontrerez des obstacles, mais ne les laissez pas vous arrêter, foncez!