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Pilote de bob à deux, Elfje Willemsen affiche à son palmarès trois participations olympiques avec les Belgian Bullets: Vancouver en 2010, Sotchi en 2014 et PyeongChangen 2018. Aux Jeux de PyeongChang, en duo avec Sara Aerts, elle terminait à la 11e place avec le bob Maximus. Fin 2018, elle raccrochait ses spikes définitivement. Interview au sujet du parcours d’une femme dans un sport souvent considéré comme masculin.

Les femmes sont-elles aussi fortes mentalement que les hommes?
Je crois que les femmes sont certainement aussi fortes mentalement que les hommes, voire même plus fortes dans certains cas. En tant que femme, tu as généralement des obstacles à surmonter pour ‘réussir’ dans le sport, dans ta carrière, dans ta famille, … Et de plus, tu dois gérer, chaque mois, toutes ces fluctuations hormonales.

Comment vois-tu ton rôle dans l’amélioration de l’égalité des sexes dans le sport?
Mon rôle, je le vois principalement au niveau de la sensibilisation aux inégalités qui existent toujours dans certains sports. Au sein des fédérations ou de l’encadrement aussi, c’est encore souvent un monde d’hommes. Je voudrais simplement mettre en avant la force d’une femme athlète, coachou accompagnatrice.

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes qui deviennent coachs après leur carrière active?
Au moment où tu arrêtes le sport de haut niveau, l’horloge biologique a déjà commencé à tourner souvent depuis plusieurs années. Et lorsque tu décides d’avoir des enfants, il est difficile de combiner la vie de famille avec un rôle de coach dans les premières années. Les sessions de formation ont souvent lieu le soir, au moment du souper ou du coucher des enfants. Le coaching à un niveau supérieur impose des transferts à l’étranger, ce qui ne facilite pas les choses. En Belgique, je constate des changements positifs dans le sens où les partenaires s’occupent désormais davantage des enfants,ce qui te permet en tant que mère d’avoir aussi des ambitions et de pouvoir combiner cela avec une vie de famille.

Penses-tu que la formation actuelle de coach convient aux athlètes de haut niveau?
Actuellement, les formationsen coaching sont toujours très localisées, il n’y a donc aucune possibilité de suivre les cours en ligne ou sur place. Ce serait pourtant une valeur ajoutée pour les sportifs de haut niveau. Ce serait également bien si tu pouvais planifier toi-même les modules quand cela te convient.

De quelle manière ta carrière sportive t’a-t-elle renforcée en tant que femme, en tant que personne?
En fait, j’ai tout appris de ma carrière sportive. Faire face à l’échec, gérer le stress, travailler en équipe, respecter les deadlines, penser positif, être capable de prendre des décisions difficiles, la persévérance, … La personne complète que je suis aujourd’hui s’est construite grâce au sport et au sport de haut niveau. Tout cela me permet également d’être forte dans des périodes où tout est incertain comme dans le contexte actuel aujourd’hui. Je sais maintenant que je peux surmonter les moments difficiles et en sortir plus solide 90% du temps.

As-tu bénéficié d’un accompagnement postcarrière?
Après ma carrière d’athlète de haut niveau, j’ai cherché de l’aide auprès du département "carrière begeleiding" de Sport Vlaanderen (via Adecco) et je me suis également occupée de mon propre encadrement (psychologue du sport, planificateur financier,…). Au cours de ta carrière active, on te conseille de préparer ton avenir, on en parle beaucoup mais à l’époque, je trouvais ça plutôt difficile. Je voulais alors me concentrer à 100% sur le fait d’être athlète sans m’inquiéter des années à venir. En tant qu’athlète de haut niveau, ton objectif, c’est de réussir avant tout et cela amène déjà suffisamment de stress.

C’est pourquoi, je crois qu’il faudrait prévoir un encadrement post carrière sur une période de 2-3 ans (aussi au niveau mental). A l’heure actuelle, tu reçois toute l’aide dont tu as besoin pendant tes années actives mais au moment où tout s’arrête et que ton monde s’écroule, tu te retrouves, après plusieurs mois, encore seul.e face à toi-même pour trouver ton propre chemin.

Quel est ton meilleur souvenir en tant qu’athlète?
Mon meilleur souvenir, c’est le moment où nous étions sur notre première podium en Coupe du monde. Devant l’Allemagne, l’Autriche, les USA, la Suisse,… tous ces pays de sports d’hiver. Nous avions réussi et carrément très bien en tant que “petit” pays sans traditions de sports d’hiver.

Et aussi, notre classement dans le top mondial pendant 10 ans (avec une médaille d’argent à l’Euro) et nos trois participations aux Jeux Olympiques.