Quand on voit des performances exceptionnelles dans le sport, on se demande souvent « Mais comment font-ils ? » Qu’est-ce qui fait la différence entre un athlète ‘normal’ et un médaillé ? La réponse à cette question (ou en tout cas une partie) est assez surprenante : perdre.
En ces temps exceptionnels, plus rien n’est sûr dans le sport. Et quand les circonstances sont incertaines les gens ne se sentent pas en sécurité. Sur quoi se rabattent les meilleurs, les (multiples) médaillés, pour maintenir leur préparation pour les Jeux Olympiques sur la bonne voie ?
Le Néo-Zélandais Richard Young, détenteur d’un doctorat en physiologie et ingénieur biomédical, a participé à 9 Jeux Olympiques. En tant qu’athlète, coach, scientifique et accompagnant dans plus de 20 sports. Le 18 novembre, il s’est entretenu avec les coaches, directeurs techniques, managers de la performances et membres du stafs du Team Belgium durant le ‘Virtual Training Camp’. Le sujet : ‘The high performance secret : learning from loss’.
L’ingrédient secret
Au haut niveau, tout le monde a du talent. Quel est donc le secret qui se cache derrière une super prestation ? Beaucoup donneraient cher pour avoir la recette du succès. Mais tous les sportifs ont un des ingrédients : perdre. « Quand on gagne, on oublie souvent de faire une évaluation », explique Richard Young. « On a gagné, donc on se relâche.
“Il resort d’une enquête que les meilleurs athlètes ont connu un équilibre entre victoire et défaite. Faire face à la défaite apprend la résilience, ce qui est très important durant certaines périodes comme celle que nous connaissons actuellement. Victoire et défaite sont comme sécheresse et inondations : celui qui veut prester au haut niveau doit avoir vécu les deux pour pouvoir évoluer. »
Laisser le superflu de côté
Mais il y a plus. La plupart des médaillés creusent l’écart avec les autres sur d’autres plans. Et il ne s'agit pas d'innovation technologique, même si les possibilités d'innovation ont énormément augmenté grâce à l'évolution de la technologie et de la science.
« Les athlètes ont beaucoup d’informations à processer. Pour beaucoup, surtout au début de leur carrière, il est difficile de rassembler ces connaissances en un tout productif », explique Richard Young. « C’est là que les médaillés font la différence : ils ramènent tout à l’essentiel au moment décisif. Ils trouvent une sorte de ‘simplicité éclairée’. C’est d’ailleurs complètement différent de la simplicité naïve.
“Quand on demande les nouveaux éléments qu’ils voudraient intégrer dans leur préparation olympique, on note une énorme différence entre les athlètes qui prestent dans la moyenne et les multiples médaillés. Les premiers veulent principalement ajouter des choses, alors que les médaillés regardent sur ce qui est superflu et peut donc être laissé de côté. »
“Michelangelo disait de ses sculptures : ‘Le résultat final se trouve déjà dans le bloc de marbre, j’enlève simplement le superflu.’ C’est la même choses chez les multiples champions. Ils apprennent en très peu de temps ce qui est important et ce qui l’est moins. Seul reste ce qui amène de manière certaine à une prestation de haut niveau’.
La clé : la simplicité
Reinout Van Schuylenbergh, high performance director de Triatlon Vlaanderen, confirme. “Le plus gros boost pour améliorer les prestations des triathlètes belges a été un changement de l’environnement d’entraînement. Le nouveau groupe d’entraînement avec des athlètes de haut niveau venant de l’étranger a été un stimulant important. Dans le même temps, on a laissé tomber un certain nombre d’extras. Ça ne veut pas dire qu’il faut tout jeter à la poubelle. L’aérodynamisme, l’apprentissage des grosses chaleurs, … ces aspecs sont toujours ancrés dans la préparation pour Tokyo. »
La simplicité est également la clé pour bien prester dans les sports d’équipe. « Notre structure et nos principes de jeu sont simples”, explique le coach de hockey, Shane McLeod. L’entraîneur a mené les Red Lions à la médaille d’argent aux Jeux de Rio 2016 et au titre mondial en 2018. « Pendant les matchs, les joueurs ne pensent pas à la structure, ils peuvent se donner à 100% sur le terrain. Naturellement nous innovons pour rester compétitifs. Mais on n’oublie pas non plus ce qui fait notre succès. Ce que nous ajoutons, c’est plus la pièce manquante au puzzle plutôt que de recommencer le puzzle du début », conclut Shae McLeod.