Raheleh a fui l’Iran en 2012 et obtenu le statut de réfugiée politique en Belgique. Depuis 2012, elle a représenté la Belgique, en taekwondo, aux Jeux Olympiques de Rio 2016 et elle se bat encore pour son rêve olympique de Tokyo.
Cela fait donc 9 ans que Raheleh est en Belgique et elle parle maintenant néerlandais et anglais. Au début, elle finançait sa carrière en taekwondo en travaillant à la Poste. Elle est désormais athlète à temps plein et elle travaille d’arrache-pied pour être dans la délégation belge pour Tokyo 2020. « Ce n’était pas facile de combiner sport et travail, mais je l’ai fait. Si je devais le refaire, je le referais, mais je devrais être plus forte pour engranger les succès. Maintenant je suis heureuse parce que je suis soutenue par ma fédération et je n’ai plus besoin de travailler. Je peux juste me concentrer sur mes objectifs. »
Il y a une culture sportive en Belgique et Raheleh estime que c’est un pays de sport et d’opportunités. « Vous pouvez trouver de très bons athlètes ici en Belgique », dit-elle avant de préciser, « cela dit pendant ma première année ici je ne le ressentais pas. Je ne suivais pas non plus les sports parce que je me concentrais sur mes entraînements de taekwondo et mes cours de néerlandais. »
À ses débuts en Belgique, RahelehAsemani, médaille d’argent aux Jeux Asiatiques en 2010, n’avait pas de passeport et ne pouvait donc pas participer aux compétitions internationales. Mais avec l’aide de la Fédération Belge de Taekwondo, elle a pu prendre part aux compétitions en Europe en tant qu’athlète indépendante concourant sous le drapeau de la Fédération Internationale de Taekwondo. Cela lui a permis de se qualifier pour Rio 2016. Elle avait d’abord été intégrée à l’équipe des réfugiés du CIO, mais a finalement décidé de combattre sous les couleurs de son pays d’adoption une fois son passeport en poche.
À Rio elle est passée à un cheveu de la médaille, mais a perdu le combat pour la médaille de bronze en -57kg contre l’Egyptienne Hedaya Malak Wahba. « Je ne peux pas accepter d’avoir perdu au ‘golden point’ », dira-t-elle après son combat en 2016. À ce moment-là Raheleh hésite à arrêter le sport de haut niveau, mais le temps a permis de mettre les choses en perspective. « J’ai maintenant une bonne expérience du haut niveau, et j’utilise ça pour améliorer mon mental et être plus forte. »
Après Rio, Raheleh n’a fait que monter en puissance. En 2017, elle remporte le bronze au Grand Prix de Moscou. En 2018 c’est l’argent au Grand Prix de Taiwan et le bronze au Grand Prix de Manchester. Elle remporte encore une fois le bronze en 2019 lors du Championnat d’Europe à Bari en Italie.
Elle est désormais plus convaincue que jamais qu’une médaille olympique est atteignable. « À Rio je n’ai pas su faire de mon rêve une réalité. Mais à Tokyo je le ferai. »
Raheleh continue aussi de remercier la famille du taekwondo, qui l’a accueillie à bras ouverts dès le premier jour alors qu’elle était encore à travailler à mi-temps avec un statut de réfugiée. C’est avec cette famille qu’elle veut construire des choses encore plus grandes. « Nous sommes une grande famille et on fait de notre mieux. On s’entraîne dur et on se supporte les uns les autres pour être les meilleurs du monde. »
Le report des Jeux et les restrictions d’entraînements imposées aux athlètes ont posé de nouveaux défis. Mais Raheleh explique que ça ne l’empêchera pas de réaliser ses objectifs à Tokyo 2020. « La vie n’est plus normale avec cette crise, mais on ne s’est pas arrêtés, et on s’est entraîné en équipe tous les jours. Le problème principal c’est le manque de compétition, mais j’espère que ça reprendra dans les prochains mois. »
Sa motivation, Raheleh la puise dans sa famille. « J’ai envie de réaliser mes rêves pour mon père. » Une famille qui est toujours en Iran mais qui a pu lui rendre visite lors du Belgian Open en 2019. « Je parle plus de deux heures par jour avec ma famille, mais ils me manquent quand même. J’espère qu’après les qualifications je pourrai aller les voir ou qu’ils viennent en Belgique, parce que ça fait maintenant deux ans qu’on ne s’est pas vus. »